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vendredi 17 octobre 2014

un cinéaste au milieu des tragédies du XX ème siècle 17/10/2014

"Pierre Schoendoerffer, sentinelle de la mémoire".


Le documentaire réalisé par Raphaël Millet en 2012 : "Pierre Schoendoerffer, sentinelle de la mémoire", est un portrait émouvant de cet écrivain et cinéaste, réalisateur de "la 317ème section" et qui nous a quitté le 14 mars  2012.
Parcours étonnant que celui de ce jeune homme de 24 ans qui part en Indochine pour faire du cinéma et qui se retrouve plongé au cœur d'une des plus grandes tragédies guerrières de la deuxième moitié du XXème siécle.
Au delà des épreuves rencontrées et en particulier de l'emprisonnement dans les camps Viêt-minh après la fin des combats à Diên Biên Phù, il noue là-bas de profondes amitiés avec plusieurs hommes de grande qualité comme  Raoul Coutard ( le futur chef opérateur des réalisateurs de la nouvelle vague et de quelques autres comme Costa-Gavras ), le photographe Jean Péraud qui s'évanouit dans la jungle en voulant échapper aux Viets .
Il rencontre aussi de belles figures d'officiers, de sous-officiers qu'il métarmophose en des "Rois" dans ses films ou romans.
S'il est clair qu'une des passions de Pierre Schoendoerffer est le Vietnam - où il retournera en 1967 pour tourner " la Section Anderson" (Oscar du meilleur documentaire 1967) et en 1991 pour tourner "Diên Biên Phù", le film, et avec l'aide des anciens adversaires,- une autre de ses passions est la mer.
Pour cet alsacien, né à Chamalières en 1928 et dont la famille se réfugie à Annecy durant la deuxième guerre mondiale, d'où l'adolescent admire Tom Morel et Anjot, deux Chefs du maquis des Glières, la  Bretagne est son pays d'adoption, cela se devine lorsqu'on regarde " Pêcheur d'Islande", " le Crabe Tambour", "L'Honneur d'un Capitaine".
Les mouvements de la mer se rapprochent de la voûte ondulante de la canopée des forêts tropicales, de cette jungle fascinante.
Les thèmes qu'il aborde pouvaient l'amener à des discours extrêmes, mais Pierre Schoendoerffer a su échapper au clivage gauche droite, pour ne s'intéresser qu'à la Condition Humaine.
Ces soldats, ces capitaines, "ces Rois", héros de son œuvre, sont avant tout des hommes de courage,de fidélité, mais aussi  des hommes placés dans des situations de dénuements extrêmes, pauvres et faillibles, face à des choix tragiques.
Ils comprennent qu'ils peuvent renier ce à quoi ils sont attachés et ne trouvent pas toujours la rédemption dont ils sont en quête. Quête qui les amène toujours à vouloir enrichir "le talent" qu'ils ont reçu.
Pour terminer, je citerai ces mots, que Serge Toubiana adressait au cinéaste et écrivain lors de la rétrospective de son œuvre en 2007 :
"Il y a chez vous une forme d'élégance et une qualité de cœur qui renvoient à une époque où les hommes se respectaient, même lorsqu'ils s'affrontaient, parfois durement, dans la guerre.
Un trait aristocratique, humain, un code d'honneur, que l'on ne trouve plus guère à notre époque".
Merci Pierre Schoendoerffer d'avoir été ce que vous avez été.
Le documentaire de Raphaël Millet donne envie de revoir votre filmographie et de lire ou relire vos livres.

Un seul regret, nous n'étions pas assez nombreux à regarder ce film documentaire de grande qualité ce  jeudi 16 octobre  à "l'Arletty"dans le cadre du mois consacré aux"Mémoires des guerres d'Indochine et d'Algérie."

FOREST Jean Michel.

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