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samedi 7 janvier 2012

l'Histoire quinocéenne...07/01/2012

SAINT QUAY A L'HEURE ALLEMANDE!!!




L'association loi 1901,"Les amis de saint Quay Portrieux et ses environs" dans sa parution en couleur et sur papier glacé galvaude ses valeurs rédactionnelles.
En parcourant l'article sur les villas Corlouer, dans le bulletin N°26, j'ai dû mal à voir et à lire son objectivité, sa rigueur et sa pertinence.
Je n'ai aucune compétence pour juger l'architecture de ces constructions "néo-bretonnes"; par contre, la philosophie de l'architecte qui l'a conduit à de telles réalisations mériterait autre chose qu'un survol partial de son oeuvre et l'oubli que ce monsieur Yann Corlouer (1894/1980) était un sale individu .
Sous prétexte de restaurer l'honneur des bretons, il fit sienne les idées régionalistes visant à l'autonomie de la Bretagne.
Il inscrivit naturellement sa démarche dans les promesses des états autoritaires bornant notre pays (Allemagne et Italie ).
Les futurs envahisseurs promettaient alors qu'en cas de victoire militaire, ils donneraient le pouvoir aux mouvements séparatistes, Yann Corlouer a choisi son camp, lui l'apôtre d'une Bretagne indépendante.
Entre les deux guerres, sous la direction municipale d'Alfred Delpierre (1919/41), il développa ses affaires et il fut un champion du mélange des genres.
Il devint d'abord architecte officiel de la commune , puis conseiller municipal .
Sa mère se livra à l'achat de nombreux terrains constructibles, bien situés, elle les revendait en imposant aux acheteurs l'obligation pour construire de passer par son fils architecte.
C'était une autre époque, il se livra avec délice au délit d'initié, aux prises d'intérêt, aux opérations spéculatives dans le cadre de son mandat d'élu .
A l'arrivée de l'envahisseur allemand en 1940, pour assurer sa sécurité en ville, l'occupant se servit du maire comme bouclier humain en l'installant sur le capot d'un engin militaire.
Humilié, Alfred Delpierre démissionna, il regagna ses résidences de Paris et de Monte-Carlo.
A l'inverse, Yann Corlouer s'engagea résolument dans la collaboration.
Le régime de Pétain nomma, comme cela se faisait dans toutes les communes de France, un maire à Saint Quay, le dénommé Pierre Frontier, il resta à la tête de la commune de mai 1941 à août 1944.
Yann Corlouer est devenu rapidement chef départemental du PPF , parti fasciste de Jacques Doriot créateur entre autre de la légion des volontaires français (LVF), unité militaire servant sous l'uniforme allemand.
En septembre 1942, Yann Corlouer faisait applaudir la projection de l'immonde film antisémite "le juif Suss"à Saint Brieuc.
Yann Corlouer, avant cette projection au" cinéma des promenades", prononça un violent discours...." Il fallait nettoyer la France des juifs, des maçons, des gaullistes et des bolcheviques" pour l'arrivée "d'une Europe nouvelle et la France du maréchal Pétain".
Il participa, dans le cadre de sa responsabilité au PPF, à la dénonciation de patriotes quinocéens aux autorités allemandes.
En août 1944, au moment de la Libération , le climat breton lui devint insupportable, il s'engagea dans la "Légion étrangère" sous le nom de sa mère .
Courageux mais pas téméraire, en résistant de la vingt cinquième heure, il gagna quelques breloques au cours de la campagne d'Allemagne.
Il finit sa vie en 1980 du côté de Toulouse.
Mme Béatrice de Bourquenay s'enflamme sur la beauté "des villas Corlouer".
Elles témoignent, à la lire, de la splendeur d'antan de la commune et de son patrimoine; mais un minimum d'honnêteté intellectuelle aurait dû l'amener à éclairer complètement la face sombre de ce personnage et pourquoi cet homme si attaché à la culture bretonne a fini sa vie exilé dans la capitale du Languedoc.

JOUNENT Michel


2 commentaires:

Luc Corlouër a dit…

Cher Monsieur Jounent,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre texte sur l’architecte Yann Corlouër et sur son engagement politique dans les années 40. Je ne conteste pas les faits, vous les avez facilement trouvés sur les moteurs de recherche qui permettent désormais des copier / coller rapides. Je vous laisse toutefois la responsabilité du déroulé historique et sur l’utilisation d’un prénom qui n’était pas le sien.
Je ne veux en rien expliquer ou excuser l’attitude de Yann Corlouër, ce n’est pas mon propos, tout au plus pourrais-je rajouter qu’à titre personnel, je n’aime pas cette période de la seconde guerre mondiale dans laquelle bien des Français en général et des Breiz-Ato en particulier se sont fourvoyés.
Nous pourrions d’ailleurs imaginer pour compléter vos propos sur les autres architectes de Saint-Quay qu’il serait également intéressant de ressortir les journaux de l’époque pour observer quelles étaient leurs positions lors de l’affaire Dreyfus...
J’écrivais récemment en préface d’un livre de Charles Doursenaud intitulé « L’assassin frappe à Guingamp » qu’une famille est une composante d’individualités qui présentent des traits communs mais également des comportements différents. Ainsi vous citez Yann, je me permets de livrer à votre connaissance Charles Corlouër, résistant, tué au Sémaphore de Creac’h-Maout en Pleubian en août 1944. Sachez aussi que nous déplorons 17 Corlouër morts lors de la guerre de 14-18.
J’ai travaillé au Sénégal dans les années 2000 et je connaissais bien Joseph Ndiaye, conservateur du musée des esclaves de l’île de Gorée. Un jour il me dit « Viens voir je parle des familles françaises impliquées dans la traite ». J’ai découvert en effet que Joseph avait placardé sur les murs de la maison des esclaves une liste des familles françaises ayant pratiqué ce dramatique commerce. Pas de Corlouër cette fois. Mais nous avions vivement débattu avec le bouillant conservateur, je considérais déjà que la responsabilité des descendants n’avait pas à être engagée.
C’est le même cas pour la famille de Yann. Je suis cousin à la huitième génération avec Yann Corlouër, on ne pourra pas donc me taxer d’être un membre proche de sa famille. Mais je pense toutefois que votre intervention peut poser problème pour les cinq Yann Corlouër vivants actuellement et n’ayant aucune responsabilité dans les agissements du précédent.
Bien évidemment mon intervention nous éloigne encore du sujet qui était les maisons de Saint-Quay mais votre texte sur Yann m’a permis cette digression.
Permettez moi toutefois de noter dans votre intervention du 01/09/12 l’accroche « Quinocéen de pure souche », permettez-moi de rappeler que l’étude patronymique menée dans les années 90 sur les noms du Trégor-Goëlo ne met pas en évidence le nom de famille « Jounent ». De plus cette argumentation de « pure souche » ne risquerait-elle pas de nous ramener à notre débat précédent ?
Cordialement à vous
Luc Corlouër

Anonyme a dit…

Comme vous le dites à juste raison, les descendants ne sont en aucune façon responsables des agissements de leurs aînés. Toutefois le devoir de mémoire est important, notamment pour les victimes et leurs familles et je trouve sain de faire connaître la vérité quand elle est avérée. Je m’étonne d’ailleurs qu’elle ressorte si tard !
Je connaissais Yann Corlouer en tant qu’architecte et j’avoue qu’en apprenant récemment son comportement pendant la guerre, je ne voudrais jamais acheter l’une de ses maisons. Mais cette décision ne concerne que cet homme et avoir une relation commerciale ou amicale avec l’un de ses descendants ne me poserait aucun problème, dans la mesure où nous partagerions les mêmes valeurs.